La Princesse martyre de Darmstadt
- kalinareynier
- 28 sept. 2015
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Une très belle exposition sur l'art russe de 1900 à la révolution a eu lieu au Mathildenhohe à Darmstadt.
Figurines de porcelaine, peintures de Vroubel, Kouznetsov, Malevitch, Lentoulov, Kandinsky, décors de Gontcharova, livres illustrés par Bilibine objets sculptés en bois, meubles art déco, bijoux de Fabergé, extraits du journal de Diaghilev «le monde l'art » illustrés par Somov montraient au public la splendeur de l'art russe à cette époque. Des images d'archives, des films, photos et arbres généalogiques expliquaient les liens entre la famille de Hesse-Darmstadt et la famille Romanov.
Le grand duc Ernst Ludwig artiste et féru d'art avait introduit l'art nouveau dans sa ville. Une véritable colonie d'artistes s'était installée et de nombreux monuments art déco nous persuadent de l'apogée culturel de cette époque.
Deux sœurs du dernier grand duc Ernst Ludwig ont établi un lien entre la lignée de Hesse et celle des Romanov. En effet, deux princesses de Hesse petites filles de la reine Victoria, Elisabeth et Alexis de Hesse Darmstadt se sont alliées par leur mariage aux Romanov.
D'une beauté radieuse, Elisabeth de Hesse rejette les avances du futur Guillaume II et épouse l'oncle de Nicolas II le Grand Duc Serge gouverneur de Moscou et figure emblématique de la lutte contre la subversion terroriste. Assassiné lors d'un attentat en 1905, Elisabeth renonce à la cour et consacre sa vie aux plus démunis. Albert Camus empruntera le sujet de sa pièce « les justes » au drame et à l'attitude d'Elisabeth vis-à-vis de l'assassin de son époux. Elle fonde un monastère, fait construire des hôpitaux, une pharmacie et participera à la conjuration contre Raspoutine. Arrêtée avec d'autres membres de la famille impériale en 1918 elle sera envoyée dans l'Oural. Pendant sa captivité elle découvrira le talent de poète de Vladimir et appréciera ce jeune neveu de vingt ans, fils du Grand Duc Paul et de la princesse Paley. Malgré les difficultés de leur captivité, ils dorment sur le sol et survivent grâce à un potager qu'ils cultivent ils seront emmenés dans la forêt et seront jetés pour finir dans un puits de mine dans lequel les bolcheviks jetteront des grenades sur les corps encore vivants. Les paysans des alentours témoignent qu'après le passage des bolcheviks on entendait encore des prières s'élever de ce puits. On retrouvera un corps pansé avec du tissu appartenant à Elisabeth. L'Armée blanche retrouve ses restes qui reposent depuis 1921 à Jérusalem. Elle est canonisée en 1981.
Elisabeth sera canonisée par l'Eglise Orthodoxe en 1991. Une biographie de Jean Paul Besse « Elisabeth Feodorovna, princesse martyre » est parue en 2008. Fervente orthodoxe, amie des pauvres et artisan du renouveau de l'art russe, elle renonce à la cour après l'assassinat de son époux Comme son aïeule médiévale sainte Élisabeth de Thuringe, la grande-duchesse se consacre aux miséreux, fonde un monastère et construit des hôpitaux. Inspirée par les diaconesses antiques et les premières ursulines italiennes, elle rédige une règle qui renouvelle aujourd'hui la Russie post-soviétique. Guidée par les grands moines de son temps, Elisabeth participe à la conjuration contre Raspoutine et connaît les tribulations de la Révolution bolchevique.
Sa sœur Alix de Hesse Darmstadt, 1872-1918 petite fille de la reine Victoria s'éprend de Nicolas II l'épouse et prend le nom d'Alexandra Feodorovna. L'impératrice rend souvent visite avec sa famille à son frère à Darmstadt. Ernst Ludwig attribuera un terrain au tsar pour faire construire une chapelle dans le parc de Mathildehore.
La chapelle Sainte-Marie-Madeleine est la seule chapelle orthodoxe hors frontières appartenant à la famille impériale de Russie. Elle fut construite de 1897 à 1899 par Léon Benois, célèbre architecte pétersbourgeois dans un style néo-russe, inspiré du xvie siècle, et Art nouveau. Elle fut construite à la demande de l'empereur Nicolas II de Russie qui, lorsqu'il rendait visite à sa belle-famille dans la ville natale de son épouse Alexandra, n'avait pas de lieu de culte orthodoxe pour sa propre famille. Elle fut édifiée grâce à un don personnel de l'empereur de 400 000 marks. Elle a été restaurée entre 2004 et 2008. Les habitations et les ateliers groupés près de la chapelle russe formaient en 1901 le centre de l'exposition « Un document de l'art allemand ».
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