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Le château des Russes


Des châteaux en France ce n’est pas ce qui manque. Le château de Versailles, les châteaux de la Loire et tant d’autres, mais le château des russes… de quoi éveiller la curiosité des passionnés de l’émigration et de la culture russe en France.

Une exposition, près de 200 photos et archives et un documentaire d’une dizaine de minutes, à l’initiative d’un enfant du pays d’origine russe est présentée à Rives-sur-Fure, petit bourg situé à quelques kilomètres de Grenoble.

André Moussine-Pouchkine raconte avec passion à la « Maison des Russes de l’Etranger, Alexandre Soljénitsyne » cette tranche de vie méconnue, cette histoire des russes de Rives et du château de l’Orgère.

L’idée d’une exposition prend vie et le projet est mené à bien et se concrétise rapidement.

Igor Domnin de la Maison des russes de l’étranger en sera le commissaire et Inna Domnin la designer-réalisatrice. Inaugurée à Moscou en novembre 2013, l’expo est présentée au Centre Culturel russe de la rue Boissière. Elle a ouvert ses portes à la mairie de Rives le lundi 2 décembre et s’est prolongée jusqu’au 8 décembre 2013 avant son transfert à l’Ambassade de Russie à Paris.

Une vingtaine de panneaux bilingues, français et russe, Illustrés de photos et d’archives familiales retrace la vie de ces russes depuis leur arrivée en France et leur vie au château de l’Orgère.

Rives, ville située en Isère au bord de la Fure a connu son heure de prospérité.

Plus de sept papeteries dirigées par de riches familles donnent du travail à toute la vallée.

Anastasia, la fille du docteur Botkin, (le fidèle médecin avait refusé de quitter la famille Romanov et sera assassiné en 1918 avec toute la famille impériale à Ekaterinbourg dans la maison Ipatiev) épouse Constantin Melnik, gradé des troupes de l’armée blanche. Le couple traverse la Sibérie et fuit la Russie en pleine guerre civile par Vladivostok.

Comme de si nombreux russes c’est l’exode dans des conditions dramatiques qui les amène à Gallipoli.

Après maintes péripéties le couple avec leurs filles débarque à Rives. Anastasia donnera des leçons d’anglais et d’allemand dans une famille de riches industriels de Rives.

Son mari est engagé dans une des papeteries.

Constantin Melnik parvient à convaincre le directeur du groupe Blanchet Frères et Kleber (BFK) d’embaucher les russes émigrés actuellement en Bulgarie et en Serbie.

Cette main d’oeuvre est on ne peut plus sérieuse, disciplinée et accepte toutes les conditions du moment qu’elle obtient un travail. Parfois on appellera même ces russes des « briseurs de grève » tant ils sont dévoués à leurs employeurs et reconnaissants à leur terre d’accueil.

Au départ ces russes sont logés dans des quartiers d’ouvriers occupés souvent par les familles d’Italiens.

Après quelques pourparlers le couple Melnik obtient du directeur de Kleber la possibilité pour les travailleurs russes et leur famille de s’installer dans le château de l’Orgère.

Mais quelle est donc l’origine de ce château ?

Un négociant en bois et charbon reçoit un héritage conséquent et tout à fait inattendu. Il abandonne ses activités et investit tout le fruit de cet héritage dans la construction d’un château, orné d’une tour centrale entouré d’un joli parc et situé dans la ville de Rives.

Mais le conflit mondial freine les projets du riche héritier. Et si le château s’élève dans le parc avec sa tour centrale un grand escalier et deux étages l’intérieur ne sera jamais terminé.

Le négociant doit vendre son bien racheté immédiatement pour une bouchée de pain par le directeur des papeteries Kleber.

Des négociations entre le couple Melnik et le directeur de l’usine aboutissent au transfert des russes de Rives du quartier populaire au château de l’Orgère.

C’est donc là que seront logés de 1924 à 1974 les travailleurs russes des papeteries de Rives.

Entre 1919 et 1924 quelques russes travailleront à Rives mais peu de traces de leur passage.

Par contre de 1924 à 1974 plus de 400 russes séjourneront dans le château.

Comme toujours, dans les communautés russes, église, bibliothèque, groupe de musique, chorale sont immédiatement instaurés.

Au rez-de-chaussée cantine, cuisine, pièces communes et bibliothèque sont installées. Au premier quelques appartements pour les familles et le deuxième étage sera réservé aux célibataires.

Très vite une chapelle est ornée d’iconostases dans le sous sol du château. Un prêtre à demeure fait l’office le dimanche et travaille à l’usine la semaine.

Le château aux plafonds très hauts et dont l’interieur n’est pas terminé se chauffe difficilement et les pièces sont meublées de manière très simple avec la plupart du temps des objets de récupération. Le parc paysager annonce l'avènement du béton moulé dans l'art des jardins. Le parc clos de murs et de grilles comprend une vaste pelouse centrale que domine le château. Une rocaille forme une grotte artificielle d'où sort un bassin enjambé d'un pont en béton imitant le bois. Cette rocaille se retrouve sur le talus nord du château où des marches en béton imitant le bois permettent d'accéder à une petite grotte reconstituée où l'eau s'écoule. Ainsi cette communauté des russes de l’Orgère vit pratiquement en autarcie et crée sa petite Russie.

Rendez-vous des russes de la région et pied à terre des russes de Paris, cette vie communautaire s’agrémente au fil du temps de mariages et de fêtes traditionnelles.

L’église consacrée à St Michel l’Archange, installée dans le sous sol du château était fréquenté par les russes du château et tous les russes de la région. Cette chapelle est un lieu incontournable pour les dignitaires de l’église russe hors frontière.

L’archevêque Jean, canonisé sous le nom de Saint-Jean de Shangaï et thaumaturge de San Francisco a participé à plusieurs offices.

Igor Stravinsky loue une maison à Voreppe, sur les bords du lac de Paladru à une dizaine de kilomètres de Grenoble de 1930 à 1934.

Il rend souvent visite aux russes de Rives et surtout assiste le dimanche en famille à l’office religieux dans la chapelle orthodoxe installée dans le sous sol du château.

D’autres personnalités du monde littéraire russe font une halte ou séjournent au château des russes tels Bounine, Shmelev ou Merejkovski.

Sur une des photos prise la veille de son enlèvement et de sa disparition,le général Koutiepov, président du ROVS (Union générale des anciens combattants russes en France) successeur du baron Wrangel apparaît entouré de la communauté russe, L’histoire de cet enlèvement ainsi que celui quelques années plus tard du général Miller, successeur de Koutiepov est retracé dans le livre de la fille du général Denikine, Marina Grey « Le général meurt à minuit ».

A la suite de l’enlèvement du général Koutiepov, le parc devient un lieu d’entraînement pour la lutte contre le bolchévisme.

Sous le couvert d’une association sportive, les jeunes hommes sont initiés au maniement des armes.

A partir des années 30 le travail dans les papeteries diminue ainsi que le nombre des russes de Rives.

Avec la deuxième guerre mondiale les papeteries sont réquisitionnées.

Au début du conflit, le fils du général Genorsky, une des figures du château des russes est tué dans les Ardennes, mort pour la France.

Un monument rappelle aussi la présence des russes à Rives.

Au cœur du cimetière perché sur les hauteurs de la ville une coupole bleue domine les tombes. Ce monument entouré de croix orthodoxes rassemble toutes les sépultures russes.

Dans l’hôtel de ville une foule des descendants des habitants du château russe se presse.

Igor Domnin prononce son discours.

Andréi Moussine-Pouchkine reconnaît avec plaisir d’anciens camarades de jeunesse, raconte des anecdotes de la vie des russes de Rives et remercie la municipalité de Rives qui prend en charge l’entretien du monument.

Cette mémoire vivante de cette histoire des russes semble intarissable.

Le disours d’Alain Desempte, maire de Rives n’est pas sans nous rappeler grâce à ses connaissances et son intérêt pour cette période son métier initial de professeur d’histoire géographie.

C’est toujours très émouvant de voir cette collaboration et cette amitié entre les descendants des russes de l’émigration et les russes de l’actuelle Russie qui vouent un intérêt profond à l’histoire de leurs frères émigrés.

Et puis sous l’impulsion d’André Moussine-Pouchkine une photo des russes et descendants des russes du château est prise comme c’était la tradition autrefois, sur les marches de l’escalier du château.

A présent portes et fenêtres du château sont murées et le bâtiment vestige de l’histoire de l’émigration russe est à l’abandon.

Trop onéreux pour être restauré par la ville de Rives, cette exposition et cet engouement pour ce chapitre de l’histoire éveillera sans doute des idées pour sa réhabilitation.

Caline Reynier

Présidente de l’association Datcha Kalina

Bibliographie :

Le château des russes : Oleg Ivachkevitch

Mémoires des russes en Oisans - Oleg Ivachkevitch

Le général meurt à minuit - Marina Grey

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