Abramtsevo, maison des artistes
A quelques kilomètres de Moscou nous découvrons l’incontournable Musée-Domaine d’Abramtsevo. Pour s’y rendre on peut prendre le train à la Yaroslavski vokzal (metro Komsomolskaia) jusqu’à la gare de Khotkovo. Le « marchrout » 55 vous dépose devant le musée. C’est dans une campagne verdoyante, légèrement vallonnée, plantée de bouleaux et entourée d’étangs que nous arpentons cette propriété. L’écrivain slavophile Aksakov, écrivain de la terre russe (une chronique de famille) en était le propriétaire. Après avoir passé une partie de sa vie à Oufa l’écrivain s’installe dans cette demeure typique de la noblesse de l’époque. Il ouvre les portes de son domaine à ses amis Tourgueniev et Gogol qui y écrivit le deuxième tome des « Ames mortes ». La propriété est rachetée en 1870 par le riche mécène Savva Mamontov. La famille de ce dernier a fait fortune dans la construction des chemins de fer. Cet homme très doué et passionné par l’art attire dans sa propriété les artistes de l’époque et développe le plus grand centre de la vie artistique de l’époque. Mamontov crée de nombreux ateliers qui sont aussi les résidences des artistes ayant pour point commun la recherche d’un art national issu des traditions paysannes. Serge Diaghilev le fondateur des Ballets russes séjourne régulièrement dans le domaine d’Abramtsevo. Le célèbre le metteur en scène Stanislavski organise des soirées théâtrales et met en scène « la demoiselle des neiges » d’après l’opéra de Rimski Korsakov. Les habitués sont : Ilia Repine, Viktor Vasnetsov qui peint avec pour cadre une plaine vallonnée d’Abramtsevo son célèbre tableau « les trois chevaliers ». Un des fils de Mamontov, le plus jeune sert de modèle pour l’un des chevaliers. Valentin Serov, fidèle de ce cercle d’artistes peint la jeune fille aux pêches et choisit pour modèle Vera la fille de Mamontov. Une reproduction décore une des pièces de la demeure alors que l’original se trouve à la galerie Tretiakov. Isaac Levitan, Vassili et Elena Polenov, Vassili Sourikov et Mikhaïl Vroubel sont des inconditionnels d’Abramtsevo. Des ateliers sont crées comme l’atelier de menuiserie pour lutter contre l’exode rural. Un atelier de céramique permet à Vroubel de décorer les nombreux poêles des annexes. Dès 1918 le domaine se transforme en musée et la demeure devient un musée littéraire. Un atelier présente de superbes faïences de Vroubel. L’isba Teremok conçue pour servir de banya accueille en résidence les artistes. La visite est un vrai dépaysement et un enchantement. A chaque détour d’une allée c’est une nouvelle découverte. La petite isba perchée sur des pattes de poules qui dans les contes tourne sur elle même ne manque pas de pittoresque. Cette isba est le refuge de Baba Yaga cette sorcière qui voyage dans un mortier, se dirige à l’aide de son pilon et efface les traces avec son balai.
Un peu plus loin se dresse la ravissante petite église Saint-Suaire- du-Sauveur (Spasskaia tserkov) , édifiée d’après les plans de Vasnetsov et Polenov sur les modèles les églises de Novogorod. Ce petit bijou d’architecture, avec son double clocheton, ses créations en majolique sur la façade et sa minuscule chapelle latérale Quand à la maison au centre de la propriété est typique de l’habitat de la noblesse de l’époque. Mamontov garde intact le cabinet de travail de son prédécesseur. Les pièces sont à la fois meublées dans la tradition des demeures russes du XIX et décorée d’objets d’arts conçus par les artistes. Tchekov se serait inspiré de la propriété pour planter le décor de sa célèbre cerisaie.