Elisabeth Vigée Le Brun: le périple de la Russie jusqu'à Montpelier
Dans la rue Montpellieriet, le magnifique hôtel particulier d’une célèbre famille de notaires de Montpellier a été transformé en Département des Arts décoratifs du Musée Fabre. Véritable joyau des arts décoratifs des XVIIIe et XIXe siècles cet hôtel particulier de style Napoléon III est une évocation de l'art de vivre à Montpellier à la fin du 19e siècle.
On peut visiter les appartements sur plusieurs étages, richement décorés. L'hôtel dévoile ainsi une collection de mobilier remarquable et des décors fraîchement restaurés. La visite vous plonge dans une atmosphère particulière retraçant les modes de vie de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie de l'époque. Cette collection d'art est constituée en majeure partie des meubles et objets provenant du legs de Mme Renée de Cabrières et de son mari Frédéric Sabatier d'Espeyran, en1967.
Au deuxième étage on peut admirer un magnifique portrait d’Elisabeth Alexeïevna, épouse du tsar Alexandre 1er, peint par Elisabeth Vigée Le Brun. Cette ravissante princesse de Bade Louise Augusta de Bade (1779-1826) se convertit à la Religion orthodoxe et prend le nom Elisabeth Alexeïevna pour devenir la femme du tsar. Ce portrait de la tsarine Elisabeth Alexievna se trouve au deuxième étage de l’hôtel particulier Cabrières - Sabatier d'Espeyran, Rue Montpellieriet, Montpellier
La portraitiste, Elisabeth Vigée Le Brun
Depuis sa plus tendre enfance la petite Elisabeth dessine des portraits à longueur de journée, dans ses cahiers d’écolière, sur les murs de sa pension ou des bouts de cartons. Dès l’âge de quinze ans elle est reconnue comme une portraitiste talentueuse. A l’âge de vingt-quatre ans elle fait son premier portrait de Marie Antoinette. Mais la révolution éclate suivie de la terreur et celle qui était l’amie de Marie Antoinette est contrainte à l’exil.
A Vienne, elle fait la connaissance du baron et de la baronne Stroganoff qui la prient de faire leur portrait. Les Stroganoff sont une des familles les plus riches et les plus puissantes de Russie, propriétaires de terres immenses. A la demande d’Ivan le Terrible les Stroganoff partent à la conquête de la Sibérie, s’enrichissent et s’établissent dans des demeures somptueuses décorées de leurs collections d’ œuvres d’art. L’ambassadeur de Russie et plusieurs de ses compatriotes pressent Elisabeth Vigée Le Brun de se rendre en Russie. L’Impératrice Catherine II et les familles nobles lui réservent un accueil des plus chaleureux. La famille des comtes Orloff , la princesse Dolgorouki, la princesse Galitzine, les Obolensky, Gagarine, Scherbatov et autres Schakovskoy l’invitent à des fêtes somptueuses.
Elle fait partie aussi du cercle de Stanislas-Auguste Poniatowski, un des premiers favoris de Catherine II, roi de Pologne. Débarquée à st Petersbourg en 1795 elle séjournera dans les meilleures conditions en Russie pendant cinq années.
Elisabeth Vigée - Le Brun peut rentrer en France en 1802. Elle note dans ses souvenirs.
"Ni ces souverains, ni toutes les personnes qui m’ont marqué un intérêt si flatteur pendant mon séjour, n’ont jamais su avec quel chagrin je m’éloignais de Saint-Pétersbourg. Lorsque je passai les frontières de la Russie, je fondis en larmes ; je voulais retourner sur mes pas, je me jurai de venir retrouver ceux qui m’avaient comblée si longtemps de marques de bienveillance et d’amitié." A Paris la famille Bonaparte, lui commande le portrait de Caroline Murat la sœur de Napoléon. Mais cette altesse nouvelle manière se montrera si désagréable que notre portraitiste aura ce cri du cœur : "J’ai peint de véritables princesses qui ne m’ont jamais tourmentée et ne m’ont jamais fait attendre !"