Si des voyages méritent d’être faits, il en est plus que d’autres.
Pour avoir déjà parcouru la Russie où bien des lieux m’ont marqué, je dois avouer que voyager dans le nord russe revêt un sentiment très particulier, loin des sentiers battus car tout simplement loin de tout et de tous.
Cette belle expérience a commencé un matin de juillet 2019, à l’aéroport de Marseille, par une météo caniculaire de 45° C …
Après quelques jours à bord d’avions, mini bus, taxis, bateau et autre hydroglisseur, j’atteins le terme de mon voyage, l’archipel des Solovki, à 160 km du cercle polaire … température 5° C …
Mais avant cette baisse brutale du thermomètre, la République de Carélie m’offre quelques unes de ses curiosités.
D’abord la citadelle de Priojersk en bordure du lac Ladoga (le plus étendu d’Europe) et l’incontournable monastère de l’île de Valaam dont les façades rouges et les coupoles bleues éclairent à grand- peine un paysage de pluie et de brume …
Au cœur de l’infinie taïga vient ensuite la chute d’eau de Kivatch, qui de ses 11 mètres sur la rivière Souna rompt bruyamment, sous un soleil éclatant, le silence d’une des plus anciennes réserves naturelles de Russie.
Toujours en Carélie, et avant le départ vers le « grand nord », les pétroglyphes de Bélomorsk, dessins rupestres en pleine forêt qui surprennent et enchantent le visiteur par leur beauté et leur conservation.
Et nous voilà à Kem, ville historique d’environ 12 000 habitants où nous ne nous arrêterons pas, tant nous languissons le but ultime de notre voyage : à deux heures de mer, les Solovki, dépendant de l’oblast d’Arkhangelsk.
Sur le pont supérieur du bateau afin ne pas subir les effets du « mal de mer » de nombreux voyageurs, cette traversée sous la pluie ne sera pas un souvenir impérissable ; heureusement, le retour sera plus heureux …
Archipel de la mer Blanche, les îles Solovki sont connues par leur monastère fondé en 1429 sur la grande île de Solovet par les moines Germain et Sabbace mais aussi, et peut-être surtout, pour avoir été l’un des premiers lieux de détention (Goulag) des opposants au régime soviétique après la révolution bolchévique de 1917.
Tout est à voir en ce lieu ; tant les édifices religieux à l’intérieur de l’imposant kremlin que les lieux de prison, cellules et autres cachots, ou encore de défense militaire.
Par ailleurs, le « Musée du Goulag » ainsi que le cimetière et l’emplacement de charniers humains découverts lors de fouilles participent de la découverte sur l’histoire cette déportation.
Même les nuées de moustiques rappellent la dureté des conditions de vie d’alors … Une atmosphère étrange se dégage de tout cela …
La Porte royale conduisant dans l’enceinte et le Lac sacré jouxtant le monastère sont à admirer.
On ne peut enfin quitter l’archipel sans se rendre aux « labyrinthes » de végétation et de pierre de l’Ile aux lièvres, à la fois curiosité et mystère car aucune explication certaine n’a été fournie à ce jour.
C’est ainsi que dix jours plus tard, et après une hausse brutale du thermomètre cette fois-ci, la belle aventure se termine.
Mais au-delà de l’intérêt touristique, ce voyage m’a rappelé que l’homme est capable du pire comme du meilleur, tant à l’image de la légendaire hospitalité russe les personnes rencontrées ont été merveilleuses de bonté.
Aussi, chers amis, si vous ne craignez ni chocs thermiques, ni mal de mer ni moustiques, les Solovki doivent être votre prochaine destination, car de tout cela on peut se préserver, mais pas du désir de découvrir sur la terre de Russie un tel lieu d’histoire et de mémoire.
Les Solovki méritent le respect et exigent le recueillement ; raisons essentielles pour les découvrir.