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Caline Reynier

Le Negresco un hôtel mythique aux allures de musée

On ne rentre pas dans l’hôtel Negresco comme dans un moulin depuis les attentats de 2016.

Après avoir sollicité le planton en uniforme coloré à l’extérieur, il faut aussi persuader le concierge, puis la sécurité et enfin après consultations auprès des responsables, l’autorisation peut vous être attribuée de photographier les œuvres qui décorent les salons.

Le personnel très stylé, malgré les consignes de sécurité reste courtois et agréable.

L’entrée déjà grandiose débouche sur les salons décorés de tableaux de maîtres contrastant avec des objets d’art moderne comme la Nana de Niki de saint Phalle.

Les bustes de Maria Feodorovna 1847–1928 et Alexandre III 1845–1894 réalisés par Oleg Abazieff et les fonderies Airaindor- Valsuari, trônent parmi les innombrables œuvres d’art acquises par la propriétaire de l’établissement, Jeanne Augier, récemment décédée à l’âge de 95 ans.

Maria Feodorovna alors veuve d’Alexandre III a largement contribué comme son fils le tsar Nicolas II à la construction de la cathédrale russe de Nice.

Un autoportrait d’Elisabeth Vigée-Lebrun peignant sa fille orne un mur du salon. On peut bien évoquer cette artiste dans nos pérégrinations sur les pas de russes. Après la révolution française, celle qui avait peint les portraits de la reine Marie-Antoinette s’exile. Accueillie à bras ouverts par la noblesse de saint Petersbourg elle reçoit même une invitation personnelle de Catherine la Grande. Elisabeth Vigée-Lebrun peint le portrait de nombreux nobles de st Pétersbourg tel Grigori Stroganov ou Elisabeth Alexieevna, future épouse d ‘Alexandre 1er.

Ses admirateurs fortunés rivalisent pendant le séjour en Russie de la célèbre portraitiste pour poser devant la talentueuse artiste.

Un lustre somptueux de Baccarat composé de 16 800 cristaux illumine le Salon Royal. Il était à l'origine destiné au tsar Nicolas II, qui avait commandé deux exemplaires dont l’un se trouve aujourd'hui au Kremlin.

Celui-ci à cause des tumultes de la révolution russe n’a jamais trouvé le chemin de sa destination initiale.

Jeanne Augier raconte par qu’elle ruse elle a pu faire l’acquisition du fameux lustre lors de la vente aux enchères. Ce lustre était autrefois accroché dans le salon d’un hôtel de Nice transformé en appartements.

Les antiquaires s’étaient concertés pour qu’un seul d’entre eux se positionne dans cette vente afin de ne pas faire monter les enchères, le but étant de partager le gain de ce fameux lustre une fois démonté et revendu en plusieurs pièces.

Jeanne Augier en retrait s’était assise derrière une personne de confiance qu’elle avertissait en donnant des coups de pieds dans la chaise lorsque celle-ci devait surenchérir. C’est ainsi qu’elle devint la propriétaire si heureuse de ce lustre accroché dans les allons du Negresco.

Enfin un portrait de Jeanne Augier datant de 2007 peint par Igor Mouslimov ce peintre russe, restaurateur pendant des années des tableaux de l’Ermitage, installé à Nice.

Et pour une dernière touche en lien avec la Russie, évoquons la mort tragique de la célèbre danseuse Isadora Ducan, mariée un certain temps au poète russe Serguei Essenine plus jeune qu’elle de dix-huit ans. C’est en quittant le Negresco et roulant sur la promenade des anglais que son écharpe de soie se prend dans une roue l’étrangle et la projette sur la chaussée.

Si la cathédrale st Nicolas de Nice a été consacrée en 1912 l’inauguration du Negresco date de 1913.

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