C’est cette année 2016 la fête tout à fait remarquable de la ville d’Omsk. En effet, ma ville natale fête ses 300 ans - une raison tout à fait exceptionnelle pour écrire enfin un petit article sur jadis la « ville fleurie » d’Omsk.
Trois siècles d’histoire d’Omsk : ce chemin commence en 1716 lorsqu’une unité des cosaques sous le commandement d’Ivan Bukhgolts construit la première forteresse d’Omsk afin de protéger et d’étendre les limites de l’Empire russe et qui aujourd’hui constitue cette belle mégapole contemporaine, une des plus grandes agglomérations de Sibérie.
Deux rivières, l’Om et l’Irtysh divisent la ville en trois parties. C’est bien l’Om qui donne à la ville son nom, Omsk – la ville sur l’Om. Mais c’est l’Irtysh qui à vrai dire « divise » la ville : la rive droite avec le centre historique et toutes les usines et la rive gauche avec ses grands quartiers d’immeubles nouveaux qui continuent à se développer. Les habitants de la rive droite ont peur de se perdre dans le labyrinthe des micro-quartiers de la rive gauche, alors que les « rive-gauchistes » (terme sans aucun lien à la politique) se plaignent de la pollution, des coins mal entretenus et peu accessibles de la rive droite. Mais les deux rives se rejoignent quand il s’agit des fêtes ou des grandes manifestations culturelles et sportives où vous sentirez la bienveillance, la joie et l’amitié des omskovites qui constituent le troisième élément, en réalité l’élément-clef que commémore l’anniversaire de la ville – le destin.
Au cours des années, Omsk a changé plusieurs fois de statut et de visage… Tout au début, c’est une forteresse en bois qui défend les frontières de la Russie, puis grâce à sa position centrale, Omsk acquiert progressivement le statut d’une ville (1782). Au cours du XIXème siècle, c’est l’endroit où les bagnards purgent leur peine. Il existe même une idée fausse sur le nom de la ville : OMSK comme abréviation de « Otdalionnoé Mésto Sylki Katorjnikov » (Endroit éloigné d’exil des bagnards). En réalité, Omsk tire son nom de celui de la rivière « Om » comme déjà écrit plus haut. En 1850, Fiodor Dostoïevski arrive à Omsk où il a été envoyé au bagne pour ses liens avec des « pétrachéviens ». Il passe ici quatre ans et inscrit pour toujours la ville dans la littérature russe : Omsk apparaît plusieurs fois dans ses œuvres, notamment dans « Crime et Châtiment » et « Souvenirs de la maison des morts ». Les passages sur Omsk sont imprégnés de la douleur que Dostoïevski a vécue ici : « … je considère ces quatre ans comme la période où j’ai été enterré vivant et enfermé dans un cercueil. <…> C’était une souffrance indicible, interminable parce que chaque minute pesait dans mon âme comme une pierre. Pendant toutes ces quatre années il n’y avait aucun moment où je ne me sentais pas au bagne… ». Malgré cet ambiance sombre décrite par Dostoïevski, la ville a créé un musée consacré à la vie et à l’œuvre de l’écrivain, inauguré un monument et donné à son université principale le nom de Dostoïevski.
En 1894, le Transsibérien atteint Omsk grâce à quoi la ville devient une grande ville d’échanges pour les transports d’autant plus que les rivières l’Omsk et l’Irtysh sont elles-mêmes navigables et sources de nombreux échanges jusqu’à l’Asie centrale et la Chine.
Dans les années 1918-1919 Omsk est un des épicentres de la Guerre Civile, c’est ici où Alexandre Koltchak installe le Gouvernement provisoire sibérien et décrète Omsk comme capitale de l’Empire russe. Et bien que ce ne fut pas pour longtemps, les omskovites aiment raconter cette histoire qui est pour eux un signe de fierté et, il existe même un journal local qui s’appelle « Troisième capitale » (Третья столица).
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, beaucoup de grandes entreprises se déplacent à Omsk où on produit des armes, des chars, des avions, des stations de radio etc. Les années 50, c’est l’aube de la production d’Omsk qui ouvre son usine de pétrole. La ville entre dans une phase de construction active sans oublier la situation écologique – grâce au travail important des agronomes Omsk acquiert le statut d’une « ville-jardin » (ville fleurie).
En 1975, Omsk fête la naissance de son millionième habitant et acquiert le statut de la ville millionnaire. Puis, en 1987 la population de la ville dépasse 2 millions d’habitants. Comme toute ville sibérienne, Omsk montre une palette multicolore de nationalités, de peuples, de religions et de cultures qui vivent ensemble depuis longtemps.
Aujourd’hui, Omsk est une grande ville industrielle, culturelle et universitaire ouverte à toutes les innovations avec des liens internationaux dans tous les domaines. Chaque année deux marathons internationaux sont organisés : en août le Marathon international de Sibérie et en janvier le Semi-marathon de Noël (toujours avec un Père Noël, voire même plusieurs).
Le 6 août 2016, à midi, le tableau électronique qui depuis août 2015 comptait les heures à rebours avant le 300ème anniversaire affiche les zéros – Joyeux anniversaire Omsk !!! Une grande fête a bien sûr été organisée à cette occasion avec des manifestations culturelles qui se sont poursuivies toute une semaine avec en apothéose finale un feu d’artifice grandiose ! Le grand cadeau était un projet de rénovation lancé quelques années avant afin d’entrer dans un nouveau centenaire de son existence avec un visage ravissant – les bâtiments et les monuments renouvelés, les parcs noyés dans la verdure, les rues décorées de fleurs… Bien sûr, il en reste encore beaucoup à faire, mais le chemin est bien entamé.