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14-18 et les russes: La part de l'armée impériale dans la victoire de 1918

Cet article sur l'implication de la Russie impériale dans la guerre de 14-18 a été écrit par mr ANDOLENKO à partir des notes de son père Serge Andolenko. Serge Andolenko, né en Russie a été un grand général de l'armée française. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'armée russe :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Andolenko

Le 80e anniversaire de la révolution d'Octobre précède d'un an presque jour pour jour, celui de la Victoire de 1918. Dans l'opinion publique la plus commune, "Révolution d'octobre" est synonyme de défaite militaire de la Russie et il n'est donc pas approprié à vouloir associer, si peu soit-il, l'armée de ce pays à la victoire de 1918.Dans un raccourci simplificateur certains voient même dans "la défaite totale de cette armée", la cause directe de la révolution. Cette présentation de l'histoire est erronée, elle est même tout le contraire de ce qui s'est réellement passé. Cette désinformation s'explique : - d'une part par la contrainte au silence de la nation russe qui s'est trouvée écartée du débat historique et soumise à une propagande mensongère pendant soixante dix ans. - d'autre part, par une collusion fortuite mais fort opportune, des intérêts de tous les protagonistes dans leur vision propre de l'histoire : Les français et les anglais se valorisent, en toute bonne foi, en pensant porter seuls tous les mérites des effort gigantesques accomplis. Les allemands se consolent de leur défaite à l'ouest par, ce qu'ils pensent être une victoire à l'Est, et cela compense fort à propos leur sentiment d'injuste humiliation imposée par le "diktat de Versailles". Les Etats-Unis apparaissent dans un acte ultime où tout semblait compromis par la "défection russe" deviennent ainsi des "sauveurs" donc les "vrais vainqueurs" de fait. Enfin les Soviets, probablement les plus grands bénéficiaires de ce montage, raflent la mise tout en confortant toutes les autres considérations : ils proclament que la déchéance de l'ancien régime résulte de la déroute et de la décomposition de son armée, laquelle est donc bien à l'image de son maître. L'avènement du bolchévisme prend ainsi figure d'acte inéluctable, quasiment légitime. Le résultat de ces différents "trucages" sera surprenant. Il va conduire inconsciemment ou non, tous les Etats complices de cette supercherie, à conserver des données fausses dans leurs mémoires respectives et s’intoxiquer eux-mêmes jusqu’à ne plus percevoir la réalité des problèmes qui leur seront ultérieurement soumis. Les tragédies qui vont alors bouleverser le monde seront indirectement induites par cette forme de désinformation inoculée pendant les dernières années de la Grande Guerre. Ses effets continuent de se faire sentir aujourd’hui en amplifiant le désarroi de nos soiciétés actuelles.

I les operations militaires sur le front russe (1914 – 1916) L’Armée russe qui s’engage dans la guerre est une des meilleures armées de son temps, une des plus vielilles aussi puisque des premières interventions apparaissent dans les relations du VI e siècle. Celle qui est impliquée dans la convention militaire franco-russe de 1892 a été entièrement refondue par Pierre le Granden 1694. Elle s’et couverte de gloire tout au long du XVIIIe siècle et jusqu’à la campagne contre Napoléon (1812 – 1815). Entrée dans une phase de léthargie au cours du XIXe siècle, il faudra attendre les déboires de Mandchourie (1905) pour la conduire à se remettre sérieusement en question. C’est donc une armée forte de son histoire et de ses traditions, renouvelée et en bonne condition, qui entre en campagne en août 14, mais elle est encore fortement handicapée par deux points faibles inhérents au pays lui-même : - sa taille géographique (40 fois la France 2,5 fois les USA) qui aggrave toutes les difficultés d’ordre logistique(transports, approvisionnements, mouvements de troupes,…)particulièrement en début de conflit, pendant la durée de mobilisation(15 jours pour la France ou l’Allemagne, mais 60 jours pour la Russie). * son économie en forte expansion au début du conflit, mais pas encore suffisamment consolidée pour pouvoir s’adapter sans délais à une conflagration mondiale de longue durée. La Russie de 1914 a encore vingt ans de retard sur les autres grandes puissances industrielles et elle aurait besoin de quelques années de plus pour être prête à affronter le conflit qui commence et va prendre un tour que personne ne pouvait prévoir. Toutes les opérations militaires sur le front russe les deux premières années (1914 – 1916) vont être tragiquement marquées par ces deux handicaps et l’Armée russe, plus que toutes celles des autres grands bélligérants, devra remplir sa mission dans des conditions surhumaines. 1.1 L’année 1914 : La première offensive russe déclenchée en Prusse orientale se fait dansla précipitation. Les russes attaquent le 17 août pour rspecter leurs enfagements vis-à-vis des français et faire échouer le plan allemand. Ce dernier tablant sur la durée de la mobilisation russe(60 jours au lieu de 15 pour les autres nations) se propose de vaincre les français dans les premières semaines du conflit puis de se retourner avec les Austro-Hongrois pour régler son sort à la Russie. L’offensive russe est donc normale mais très risquée car les unités lancées dans la bataille n’ont pas achevé leur mobilisation et certaines n’atteignent pas la moitié des effectifs prévus. L’Etat-Major, trop conscient des risques ne se lancera dans cette opération de sacrifice que sur l’ordre personnel du Tsar. Le spremiers succès russes ‘Gumbinnen) auront un impact psychologique déterminant sur l’Etat-Major allemand qui dégarnira précipitamment le front français de deux corps d’armée et d’une division de cavalerie pour les transférer sur le front russe.

Cette action permettra le « miracle de la Marne » mais condamnera les deux armées russes engagées très prématurément (encore inférieures à leurs adversaires, en effectifs et artillerie) à une très sévère défaite à Tannenberg. Cette défaite sera préjudiciable au moral de la nation et de l’armée mais une inaction abandonnant la France à son sort eut été infiniment plus grave tant pour la fiabilité des engagements russes que pour la suite des opérations. Cette défaite avec les pertes en hommes qu’elle entraine est très lourde mais c’est pourtant un succès pour la stratégie générale du conflit et il est donc prématuré de lui attribuer un aspect irrémédiable quant à son issue. Des premiers succès sont déjà enregistrés en Galicie et la suite va prouver que rien n’est encore joué. 1.2 L’année 1915 : Cette année sera l’année charnière pour le front russe. L’Allemagne n’ayant pu remporter la décision à l’Ouest redoute déjà de s’engager dans une guerre d’usure et pariant sur la prédominance du matériel et de l’armement, pense pouvoir rompre plus facilement le front à l’Est en y concentrant ses moyens. Elle transfère de l’Ouest à l’Est 25 divisions d’Infanterie et y rassemble des moyens jamais vus : artillerie lourde en grande densité mais aussi des armes nouvelles : les lance-flammes et les gaz. En 1915 l’armée russe va subir tout ce que l’armée allemande est capable de faire et ce sera 3Verdun avant Verdun » sur500 km de front. Aux hécatombes de 1914 vont s’ajouter celles de 1915 encore amplifiées par les graves insuffisances de l’industrie, incapable de ravitailler en armes et en munitions, un front qui en consomme de plus en plus.Très rapidement ce sera la rupture des stocks sur tous le front. L’armée russe sera confrontée au tragique dilemme : déposer les armes ou continuer la lutte en compensant son infériorité matérielle par une « surconsommation » en vies humaines. Elle optera pour la seconde formule et ce sera un tel massacre qu’elle devra battre en retraite et abandonner d’importants territoires, mais c’est là toute sa grandeur, en « faisant face », en reprenant l’offensive chaque fois que possible, à la baïnnette, au corps à corps, même à « mains nues » (1).Même écrzasée par l’artillerie ennemie, elle écartera l’éventualité d’une capitulation. Des sursauts invraissemblables se produisent : le 10 mai 1915 à Balamoutovka-Rjavenzi,le 3e corps de cavalerie déploie ses 90 escadrons et dans une charge folle, sabre au clair, il enfonce les lignes ennemies, fait 4 000 prisonniers et prend 10 canons ; le 27 mai à Sénavia, le 3e corps du Caucase effectue une brillante contre-attaque et capture 7 000 prisonniers et 15 canons ; du 9 au 16 juinà Jouravna les Alemands laissent entre les mains des russes 18.200 prisonniers et 23 canons ;… Tous ces actes de bravoure démontrent à l’adversaire que même en cédant du terrain, le combattant russe n’est pas prêt de s’avouer vaincu.

Le bilan de cette année 1915 sera catastrophique à plus d’un titre : recul de 400km ; pete de la Pologne, de la Rusie blanche, de la Lithuanie et de la Courlande et surtout des pertes en vies humaines effroyables, 2 à 3 fois supérieures aux pertes austro-allemandes : 2500 tués ou blessés et 1.000.000 de prisonniers. Il semble bien à ce moment que la partie soit définitivement jouée sur le front russe. Pourtant, Hindenbourg n’a toujours pas emporté la décision et il sait bien que même saignée à blanc l’Armée Ruse est encore debout et refuse de se reconnaître vaincue. L’Allemagne sait maintanant qu’elle ne pourra avoir raison de ses adversaires sur les deux fronts et il faut à tout prix qu’elle émimine l’un des deux. Dans l’impossibilité de poursuivre son offensive à l’Est elle tente l’ultime démarche auprès du gouvernement russe et lui propose pour la seconde fois, une paix séparée avec un cadeau de poids pour la Russie : Constantinople et les d étroits ! Mais Nicolas II ne trahira jamais ses engagements vis-à-vis de la France et c’est ainsi que l’année 1915 entrera dans les annales de l’Armée russe comme une des plus glorieuses de son histoire. Il est très rare qu’une armée privée d’armes et de munitions tienne tête à un ennemi puissant et bien armé, et refuse avec obstination et au prix de pertes inouïes, la seule issue concevable : celle de déposer les armes. D’aucun qualifieront les pertes humaines subies par la Russie en 1915 « d’inutiles » comme si elles ne pouvaient plus rien changer. C’est pourtant grâce à cette multitude de sacrifices humains que la Russie doit de ne pas avoir capitulé ou signé une paix séparée. Que se serait il donc passé en 1915 si la Russie avait été acculée à cette extrémité ? Les USA voulaient-ils ou pouvaient –ils même intervenir à ce moment ? Les alliés occidentaux auraient ils pu reconstituer leurs forces et développer leurs productions d’armements pour aborder 1916 dans des conditions d’efficacité accrue ? 1915 est probablement l’année charnière de la guerre, celle où son sort se détermine. Cela sera confirmé à Verdun, l’année suivante, mais Verdun n’aurait sans doute pas eu lieu sans la folle ténacité russe de 1915. Bien peu d’historiens en sont conscients. -----------------------------------------------------------------------------------

(1) – On rapporte le cas d’assaut de l’infanterie russe où seules les premières lignes sont armées, les dernières lignes suivent sans armes, récupèrent au passage celles des tués et poursuivent l’assaut.

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