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Caline Reynier

Portraits et destins: Les artistes russes et la guerre de 14-18


Des artistes du Montparnasse à l'époque de son apogée artistique participent à la grande guerre tel Guillaume Apollinaire. Ossip Zadkine, sculpteur né à Vitebsk en Biélorussie en 1890 et mort à Paris en 1967 s'implique aussi dans cette guerre. Il s'engage dans la Légion étrangère et prend une part active dans la Première Guerre mondiale de 1916 et 1917. Zadkine est incorporé au 1er régiment étranger où il servira dans la 22° section d'infirmiers -brancardiers dans la région d'Epernay. Il est gazé et réformé l'année suivante.

Il peint de nombreuses aquarelles inspirées par cette guerre. Son poste de brancardier le confronte aux horreurs de la guerre. il se déclare : «détruit physiquement et moralement par la guerre». Blessé, il est hospitalisé et s'emploie à dessiner son quotidien, les tentes, les véhicules d'évacuation, les hommes sur les civières.

Tous ces croquis racontent la vie des soldats en Champagne, puis dans les hôpitaux parisiens où il est transféré. Après son séjour à l'hôpital, il passe sa convalescence à Bruniquel chez un ami peintre , dans le sud-ouest de la France. De retour à Paris, l'artiste publie un album intitulé : Vingt eaux-fortes dessinées et gravées par Ossip Zadkine soldat au 1er régiment étranger affecté à l'ambulance russe aux armées françaises . Ces 20 gravures évoquent des scènes de la guerre à partir des dessins exécutés au front. Edité à 50 exemplaires en 1918, le portfolio rejoint en 2005 les œuvres majeures de Zadkine qui figuraient déjà dans les collections du musée.

Les dessins les plus anciens datent de 1913. Ils représentent déjà des figures, isolées sur la feuille. Quatre ans plus tard, La Caserne illustre le traitement de la Grande Guerre. La tension de la composition naît des traits hachés qui remplissent la feuille.

Ces croquis portent la marque du cubisme, qu'il découvre à Paris à partir de 1910. Ils forment une chronique sans illusion, sans pathétique non plus, d'abord en Champagne, puis dans les hôpitaux parisiens où il demeure le temps de sa convalescence et où il introduit de façon récurrente l'image du mutilé, qui devient pour lui le symbole de l'époque.

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