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Jeanna AROUTIOUNOVA

Défendons le français!


Jeanna AROUTIOUNOVA,

Présidente de l’AEFR,

Chevalier de l’Ordre national du Mérite,

Officier des Palmes Académiques

C'est une langue belle à qui sait la défendre

Elle offre les trésors de richesses infinies

Yves Duteil

Je m’appelle Jeanna, en français Jeanne. Je crois que dès mon enfance, j’ai été prédestinée à enseigner le français. Pour moi, la langue française c’est le choix du cœur. Elle est vite devenue ma religion, mon pays, mon univers, ma vocation. C’est ma langue d’adoption, presque ma deuxième langue maternelle. Je ressens « le haut honneur », comme disait Maurice Genevoix, de le parler, de l’enseigner. Cela fait 50 ans que je le fais et pas une seconde, pas une minute, je n’ai pas regretté d’avoir choisi ce beau métier – ENSEIGNANT/ PROFESSEUR !!!

J’enseigne cette belle langue, la langue de Baudelaire et de Molière et en même temps, je préside l’Association des Enseignants de français de Russie (AEFR) qui a été fondée en 1990 par amour de la langue française. L’AEFR, c’est une organisation bénévole non-gouvernementale à buts non-lucratifs qui a pour mission la promotion et la défense de la langue et de la culture françaises / francophones dans notre pays. Mais on ne peut pas défendre la langue française exclusivement au nom de la culture, il faut aussi la défendre comme moyen de communication.

Le slogan de l’AEFR est J’apprends, j’enseigne … et je diffuse le français. L’AEFR réunit des enseignants de tous niveaux : universités, lycées, collèges, écoles. Elle est ouverte aussi à tous ceux qui s’intéressent à la langue et à la civilisation françaises/ francophones. Elle est membre actif de la Fédération Internationale des Professeurs de Français. Le principal but statutaire de l’AEFR est la promotion du français et de la francophonie en Russie. Elle compte plus de mille adhérents dans 213 villes, villages, localités territoriales de notre pays. L’AEFR, c’est une grande famille francophone qui veille à rassembler, épauler et soutenir tous ceux qui, à travers notre vaste pays, parlent la langue française, qui l’aiment, la défendent, la font vivre en l’enseignant dans différents établissements. Ce qui nous unit, c’est la langue que nous enseignons et que nous aimons pour sa clarté logique et la précision impeccable de son vocabulaire, pour sa majesté et sa finesse, pour sa littérature et sa riche culture, pour ses découvertes scientifiques et techniques.

Aujourd’hui, je peux dire que « la belle aventure du Français Langue Étrangère » commencée il y a plus d’un quart de siècle à travers les Séminaires Nationaux et autres manifestations organisées par l’AEFR, continue à vivre. La preuve qu’elle est vivante, c’est la présence massive des professeurs-stagiaires qui viennent aux Séminaires tous les ans de quatre coins de notre immense pays.

Je ne vais pas parler aujourd’hui du progrès de la francophonie et de la diffusion du français à travers la Russie, car nous, professeurs russes de français, nous savons très bien que juste au contraire, en 25 ans la langue française, la francophonie ont perdu du terrain, du terrain considérable.

Dans le livre « Disparaître » deux écrivains français Olivier et Patrick Poivre d’Arvor, notent que les Français « ont perdu le goût, la fierté de la culture si française, de la langue si singulière et si universelle en même temps. » Mais tous ceux qui enseignent la langue française se rendent bien compte que c’est justement la langue qui fait le lien avec une histoire et une unité nationale, c’est la seule voix audible de la France, de la Francophonie dans le monde entier. Et c’est pourquoi nous menons notre combat à nous avec certains directeurs d’écoles et fonctionnaires d’enseignement public qui sous prétexte que le français n’a pas de perspectives comme langue de communication internationale éliminent le français des classes où il était enseigné en tant que langue étrangère obligatoire. Je suis tout à fait convaincue que sans militantisme des professeurs de français il n’y a pas de français. Le métier qu’exercent nos professeurs, c’est une façon de vivre. L’une des facettes de notre métier, c’est le rayonnement et la diffusion de la langue française, c’est notre fidélité aux valeurs chères à nous tous depuis la Révolution Française, depuis les Lumières. Chaque jour, à n’importe quel moment, dans des établissements différents, à travers des leçons et des cours, des conférences et des colloques les professeurs russes de français, fiers d’utiliser la langue française, motivent, initient leurs apprenants à la langue française, éveillent leur intérêt, les encouragent, les soutiennent et leur transmettent leur propre amour de la France, de sa langue et de sa culture. On sait très bien que pour qu’une langue s’enrichisse et se répande avec bonheur et largesse, il faut qu’elle soit entretenue, fêtée, célébrée, aimée, choyée. Et nos professeurs l’aiment, essayent de l’entretenir, de la célébrer, ils sont heureux de cultiver ce jardin français où poussent tant de belles fleurs. Il faut dire que nous ne cherchons pas à opposer le français aux autres langues, mais nous désirons les enseigner toutes à parité d’estime et de considérations, car la diversité est la source de dialogue, de solidarité et d’enrichissement.

Les tentatives de certains fonctionnaires de réduire l’enseignement des langues étrangères à une seule langue en proclamant « une école –une langue » peuvent être néfastes pour les générations à venir, pour le développement des relations économiques, culturelles.

Si l’on perd la langue française, on ne lira jamais les œuvres des grands écrivains français en original, on oubliera la haute couture et la haute cuisine, on ne goûtera ni fromage ni vin français, on ne verra plus les films français en version originale.

« L’union fait la force ! » Le sort du français est entre nos mains ! Défendons tous ensemble le français ! Pour défendre le français, il faut le percevoir et l’aimer. Et nous, professeurs russes de français, nous l’aimons, c’est pourquoi nous réagissons et nous voulons le défendre par tous les moyens possibles.

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