Je suis né en 1949 à Sverdlovsk, ville célèbre qui portait le nom d’Ekaterinbourg jusqu’en 1924 et a repris son nom après la perestroïka. Cette ville est connue avant tout pour l’assassinat du dernier tsar de Russie Nicolas II, avec sa femme l’impératrice Alexandra Fedorovna, leurs filles et leur fils, tsarévitch Alexis âgé alors de 14 ans.
A la fin des années 50, comme tous les enfants soviétiques, j’ignorais tout de ces évènements. Mes parents veillaient à mon éducation et à mon épanouissement dans divers domaines. En Union Soviétique les centres d’activités et les cercles pour développer les centres d’intérêts des jeunes étaient prospères. Je fréquentais le studio de photo et de cinéma dans le Palais des pionniers. C’était un édifice grandiose, composé de plusieurs jolis bâtiments avec un parc et un étang. En face, il y avait un bâtiment dans lequel nous aimions jouer et courir après les cours. C’était un hôtel particulier dont les fenêtres étaient condamnées.
Les abords étaient envahis par les ronces. Cette maison était ancienne et vétuste. Nous courions dans les ronces, essayions d’entrer par les fenêtres, descendions l’escalier en pierre jusqu’à la porte condamnée du sous-sol. Dans nos têtes d’enfants, l’idée que derrière cette porte des évènements terribles avaient changé le cours de l’histoire ne nous effleurait pas.
Quelques années plus tard, le bâtiment a été entouré d’une haute palissade. A l’époque de Khrouchtchev et du dégel, les bus de touristes s’arrêtaient sur cet emplacement. On annonçait fièrement que la maison avait été entièrement détruite. Sur cet emplacement de la Maison Ipatiev, un inconnu, attaché à la monarchie avait dressé une grande croix orthodoxe. Des foules venaient sur ce lieu pour voir cette croix. Un jour cette croix a été brulée, puis à nouveau installée, et à nouveau brulée. A nouveau édifiée mais cette fois les cosaques de l’Oural montaient la garde pour la protéger jusqu’à ce qu’à la place de la croix une chapelle en bois soit construite.
Actuellement sur cet emplacement se dresse une église, l’Eglise de Tous-Les-Saints, ou L’Eglise sur le sang versé. Cet édifice attire des touristes du monde entier.
A l’intérieur de l’église, au rez-de-chaussée, se trouve toujours la pièce dans laquelle la famille impériale a été fusillée ainsi que le docteur Botkine et quatre serviteurs dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. Sur les murs sont accrochées des icônes avec les portraits du tsar, de la tsarine et de leurs enfants. En 2000 l’église orthodoxe a canonisé le tsar Nicolas II la tsarine Alexandra Fedorovna, leurs filles Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et le tsarévitch Alexis.
Valéri Grinkov,
Metteur en scène du théâtre « Comme il faut » (République du Bashkortostan, Russie)