Après avoir quitté Oulan-Oudé, capitale de la Bouriatie et parcouru une vingtaine de kilomètres dans la steppe entourée au loin de chaînes de montagnes on arrive au monastère bouddhiste, le datsan d’Ivolginsky.
Une halte s’impose à quelques centaines de mètres en bordure de route pour capter une vue d’ensemble des bâtiments colorés et prendre quelques photos.
Après la révolution toute forme de pratique religieuse étant interdite, le bouddhisme ne fut pas épargné, les lamas chassés et les datsan fermés ou détruits.
Le Datsan d’Ivolginsky a été créé en 1945 et fut pendant longtemps l’unique centre de bouddhisme en URSS.
Ce datsan est protégé en tant que monument d’architecture et de culte par l'Etat russe. Il est constitué de plusieurs bâtiments avec des toits en forme de pagode entourant le temple central.
Ce centre monastique accueille la résidence de Khambo-Lama, chef des bouddhistes de Russie. Le temple principal a été consacré en 1972. La statue de Bouddha au centre du temple domine le trône du 14e Dalaï-lama et nul n’a le droit de s’y asseoir. Avant de pénétrer dans le temple, il faut faire le tour de la cour dans le sens du soleil en tournant les moulins à prières, "khourdé" en bouriate. Le datsan d'Ivolginsky, attire des pèlerins et des touristes du monde entier. Des Lamas guérisseurs et astrologues officient.
Le 14e Dalaï Lamaa visité à plusieurs reprises le Datsan d'Ivolginsky, en 1986 pour la première fois.
De magnifiques exemplaires d'art bouriate (sculptures, objets rituels, peintures thangkas) sont conservés dans le datsan. L'un des trésors du monastère est une collection d'anciens manuscrits bouddhistes en langage tibétain sur de la soie naturelle.
Le datsan est composé de différents temples : Sockshin-gugan, Maidrin-sume, Devazhin et Sackhjusan-sume. Il y a aussi une bibliothèque, un hôtel, une faculté philosophique, Choyra, une Université bouddhiste, un musée d'art bouriate, des bâtiments utilitaires et des logements pour les lamas. Bien que construit dans les années 1940 avec des briques de couleur claire, le temple principal affiche une ornementation et des proportions traditionnelles. Le premier niveau est consacré à l'étude et à la prière. Le deuxième niveau préserve les textes sacrés. Le troisième niveau, le gonkan, sert de sanctuaire consacré aux divinités gardiennes. Le gonkan est entouré par une galerie ouverte pour permettre les processions rituelles autour de l'espace sacré.
Aujourd’hui encore, de nombreux apprentis moines viennent y étudier la philosophie, la médecine, le sanscrit, le tibétain, et les préceptes du bouddhisme venu du Tibet
Le Lama Itigilov
En 1927, Itigilov s’est mis en position du lotus pour rentrer en méditation et ne s’est plus réveillé. Avant sa mort, il avait demandé à ses étudiants et à ses moines que son corps soit enterré en position du lotus puis exhumé au bout de trente ans. Les moines suivirent le souhait d'Itigilov, et quand ils exhumèrent, ils furent étonnés de le trouver sans aucun signe de décomposition. Au contraire, le corps semblait intact comme s'il était mort il y a quelques heures et non pas trente ans. Mais ayant peur que l'URSS découvre ce 'miracle', les moines enterrèrent de nouveau le corps dans une tombe anonyme. L'histoire ne fut cependant pas oubliée et en 2002, le corps fut exhumé de nouveau et transféré au datsan d’ Ivolginsky où il fut examiné par les moines, des scientifiques et pathologistes. Un rapport officiel fut sorti indiquant que le corps était parfaitement préservé, sans aucun signe de décomposition au niveau des muscles, tissus internes, les épithéliums et la peau. Autre point intéressant : le corps ne fut jamais embaumé ou momifié.
Certains prétendent que Itigilov aurait atteint le Nirvana lors de son ultime méditation et que son corps serait en état de semi-mort. D’autres, plus pragmatiques pensent que le lama souffrait d’un problème génétique.
La légende d’Itigilov a fait l’objet d’un documentaire diffusé sur Arté en 2004, documentaire qui suit également le parcours d’un jeune moine étudiant l’histoire de ce temple.
Notre amie Dasha Baskakova, actrice auteur compositeur interprète vit actuellement à Bordeaux mais elle est née à Oulan-Oudé et a passé toute sa jeunesse dans cette ville. Elle y retourne régulièrement et lors d’un de ses voyages elle a eu l’occasion lors de la procession annuelle au mois d’août de voir le lama Itigilov
Nous visitons le Datsan au printemps, ce n’est pas l’époque de la procession nous n’avons donc aucune chance de voir ce lama.
Grâce à nos amis bouriates les portes du temple en bois dans lequel se trouve la dépouille d’Itigilov dans la position du lotus nous sont ouvertes.
Le lama toujours dans cette position, vêtu des vêtements des lamas est effectivement intact et semble à notre passage nous regarder intensément.