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  • Aleksandra Li

Portraits et destins: Kousmichoff, fondateur de KUSMI-TEA


Qui aurait pu penser que la marque « Kusmi tea » avait pour origine la maison de thé P.M. Kousmichoff ? La maison de thé Kousmichoff a été fondée en 1867 à St Petersbourg, par Pavel Michailovitch Kousmichoff, fils aîné d'une famille paysanne. À l'âge de 14 ans il quitte son village natal pour travailler à St Petersbourg. Le jeune homme est très vite remarqué pour ses qualités par le directeur du magasin de thé dans lequel il travaille en tant que livreur. Ainsi Pavel est initié aux secrets des mélanges du thé par son patron qui lui voue une grande confiance.

Suite à un heureux mariage avec la fille d'un négociant en papier, Pavel ouvre son premier magasin de thé, rue Sadovaia à Saint-Pétersbourg. Il achète le thé en provenance de Chine et élabore ses propres mélanges de thé aromatisé. Pavel Michailovitch et Alexandra ont six enfants dont une fille Elisabeth pour laquelle il crée en 1880 la recette de ce qui deviendra le thé du tsar, Bouquet de Fleurs.

Vers la fin du XIXe siècle la société Kousmichoff devient une des trois plus importantes sociétés de Russie. Pavel Michailovitch possède jusqu'à 11 boutiques et installe toute sa famille dans un immeuble cossu. Alors on n'imagine pas une réception, un banquet à la cour du tsar sans le thé aromatisé Kousmichoff.

À l'occasion de l'anniversaire des 900 ans de l'accession au trône du Prince Vladimir Sviatoslavitch, fondateur de la Rus' (actuellement la Russie), la maison de thé est chargée d'élaborer une nouvelle recette. Ainsi le thé « Prince Vladimir » sera l'image de marque de la société.

La réputation de la maison de thé Kousmichoff franchit les frontières de l'Europe. En 1907 Pavel Michailovitch envoie son fils Viatcheslav à Londres, capitale européenne du thé. Ce dernier se familiarise avec le thé de Londres, et ouvre une succursale anglaise « P.M. Kousmichoff & Sons » au 11, Queen Victoria Street. Toutefois, les britanniques conservateurs n'apprécient pas les mélanges de thé russe. Alors les Kousmichoff doivent développer les recettes typiquement anglaises, en utilisant les épices fournis par les marchands qui empruntent la route de la soie.

Pavel Michailovitch Kousmichoff décède en 1908. Son fils Viatcheslav rentre en Russie pour prendre la direction de l'affaire familiale. La veille de la Révolution Viatcheslav transfère une partie de sa fortune à Londres et ouvre le salon de thé Kusmi-Thé à Paris, avenue Niel. Viatcheslav vit la majeure partie de son temps à Paris mais sa famille est toujours à Saint-Pétersbourg. Lorsqu'éclate la Révolution la famille passe l'été dans le Caucase. Les bolcheviques progressent vers le sud et Viatcheslav envoie les siens d'abord à Constantinople puis à Paris, où la famille s'installe définitivement en 1920.

A cette époque le thé russe jouit d'un grand succès en France, principalement grâce à l'émigration des russes « Blancs ». En même temps Kusmi-thé ouvre des magasins à Berlin, Constantinople et New York. Au cours des années 20 les succursales de la compagnie de thé fleurissent dans les artères prestigieux des grandes villes européennes.

Les trois enfants de Viatcheslav, fréquentent les meilleurs établissements. Constantin et Nadia étudiant le violon et Véra le piano. Cette dernière fera la connaissance du célèbre Rachmaninov et embrassera une carrière de cantatrice.

Après la Seconde Guerre mondiale, la demande des consommateurs du thé Kusmi chute. En effet,au cours de la guerre, de nombreux émigrés russes ont quitté l'Europe. La population lutte pour s'en sortir et la majorité mène une vie modeste. Constantin, dernier des héritiers Kousmichoff, n'a pas le sens des affaires de son père et de son grand-père, c'est plutôt un artiste et un flambeur. Il n'a pas su profiter de la croissance économique des années soixante en France pour développer l'entreprise familiale. D'après lui le thé Kusmi ne doit pas être un produit de consommation de masse. Les Kousmichoff ont toujours conçu le thé pour les aristocrates. En 1972, au bord de la faillite, il brade son affaire. Dans les années qui suivent, la société Kousmichoff continue de commercialiser les thés Kusmi grâce à des fortunes diverses. Mais ces repreneurs n'ont ni les connaissances des saveurs, ni les talents de gestionnaires des prédécesseurs.

On pourrait penser que c'est la fin d'une belle réussite d'une entreprise familiale, fondée par un homme ambitieux, autodidacte. D'origine paysanne il a su créer une saveur de thé appréciée par le Tsar... Cependant dans les années 2000 la marque Kusmi-thé prend un nouvel essor. En 2003 les frères Orebi rachètent la société et lui donnent un nouveau souffle. Aujourd'hui Kusmi-tea est une société française qui prospère avec des clients dans toute l' Europe. Les nouveaux propriétaires exploitent avec succès des mélanges élaborés, il y a plus d'un siècle, par Pavel Michailovitch Kousmichoff et son fils Viatcheslav.

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