Pour ce coup de cœur nous avons choisi un chant cosaque qui fait partie du répertoire de l'atelier de polyphonie Malinka et sera le chant pour l'ouverture du concert du 18 mars.
Un vieux chant cosaque à propos de leur célèbre seigneur de guerre Stépan Razine qui parle de son mauvais rêve prémonitoire un drame.
Cette chanson est née en XVII siècle, sa première version écrite est notée dans le recueil d’Alexandre et Vladimir Jeleznov « Chants des cosaques d’Oural » (1899) sous le nom de « Razine rêve », cette version est enregistrée dans les années 1880 auprès d’un vieux cosaque de 75 ans.
Depuis, les paroles n’ont presque pas changé, contrairement à la musique : il existe de nombreuses mélodies créées entre XVII siècle et notre temps.
Ой, то не вечер, то не вечер, Oh, ce n'était pas le soir
Мне малым-мало спалось, Je ne dormais pas très bien.
Мне малым-мало спалось, Je ne dormais pas très bien.
Ох, да во сне привиделось... Oh, quelque-chose m'est apparu en rêve.
Мне во сне привиделось, En rêve, je vis :
Будто конь мой вороной Mon cheval, comme une corneille,
Разыгрался, расплясался, se mit à jouer, à danser,
Разрезвился подо мной. à gambader en dessous de moi.
Налетели ветры злые Oh, un vent méchant se leva
Со восточной стороны. Venant de la contrée de l'est.
Ой, да сорвали чёрну шапку Et arracha le noir chapeau
С моей буйной головы. De ma tête fougueuse.
А есаул догадлив был — Et l’essaoul* était perspicace
Он сумел сон мой разгадать. Il sut déchiffrer mon rêve :
"Ох, пропадёт, — он говорил, Oh, elle est condamnée, dit-il
Твоя буйна голова." Ta tête fougueuse.
Ой, то не вечер, то не вечер, Oh, ce n'était pas le soir
Мне малым-мало спалось, Je ne dormais pas très bien.
Мне малым-мало спалось, Je ne dormais pas très bien.
Ох, да во сне привиделось... Oh, quelque-chose m'est apparu en rêve.
* Essaoul - Grade d’officier cosaque de fonction variable selon les communautés.
Traduction du site www.tousauxbalkans.net
Stépan Razine
Stépan Razine, connu aussi comme Stenka Razine, cosaque du Don qui dirigea le soulèvement des paysans et des populations de la Volga, notamment les Mordves, contre le gouvernement tsariste. Né dans le village de Zimoveïski sur le Don, d'une famille aisée, Stenka Razine, homme pieux (il fit deux pèlerinages, en 1652 et 1661, au monastère Solovetski et à Moscou en mémoire de son père), se destinait à une carrière diplomatique et militaire chez les Cosaques du Don : de 1660 à 1662, il fait partie des ambassades russes et cosaques qui cherchent à gagner l'alliance des princes kalmouks contre les Tatars de Crimée ; en 1663, grâce à cette alliance, il parvient à battre ces mêmes Tatars près de Perekop.
Toutefois, dès cette époque, il se rend compte de l'attitude méprisante de l'administration moscovite à l'égard des Cosaques ; en 1665, le prince Iouri Dolgorouki, commandant en chef de l'armée contre les Polonais, fait exécuter son frère Ivan. Dès lors, Razine éprouvera une haine farouche à l'encontre du pouvoir tsariste et demeurera animé d'un profond désir de vengeance.
En 1666, il rassemble autour de lui plusieurs centaines de paysans pauvres, de soldats en rupture, de vagabonds livrés à eux-mêmes par les ravages des guerres. En 1667, il est également élu chef d’une groupe de cosaques ; au printemps, il dispose de 6 à 800 Cosaques bien armés, entraînés plus 1 200 à 1 400 hommes supplémentaires. Le 15 mai 1667, il lance ses troupes au long de la Volga capturant des richesses appartenant à la grande noblesse ainsi qu’au haut clergé orthodoxe. Le contexte économique et social de misère explique la transformation de ce raid cosaque en un soulèvement que rejoignent des milliers de mécontents, d’indigents, de jeunes fuyant la conscription.
En 1669, le tsar envoie une armée commandée par le voïvode Yakov Bezobrazov pour écraser ces insurgés. Les bandes de Razine remportent la victoire et se retournent alors face à l’empire perse autour de la Mer Caspienne. L’armée perse se fait également battre. Dans toutes les provinces russes, le peuple chante les victoires de Stenka ; les tensions sociales s’exacerbent d’autant.
Au printemps 1670, Razine lance un véritable soulèvement populaire sur des mots d’ordre révolutionnaires pour l’époque, se déclarant « l’ennemi de tous les fonctionnaires, de l’administration, des gouverneurs, des diacres, des hauts personnages de l’Église ». A la tête de cinquante galères, il prend un à un les grands ports et villes fortifiés de la Volga, libérant au passage des milliers de prisonniers. Bénéficiant du soutien des populations locales il poursuit son avancée.
Le 12 juin, à la tête d’une armée de 7000 hommes, il se lance à l’assaut d’Astrakhan, où il instaure une République des Cosaques. Il y organise le peuple en sections dirigées par les officiers élus en assemblées générales. Dans un élan sans précédent, les paysans russes, jusqu’à l’Est de l’Ukraine, se soulèvent, assiégeant les châteaux et les monastères.
Les forces de Stenka Razine remontent la Volga comme si elles marchaient vers Moscou ; elles s’emparent de Saratov et Samara mais échouent devant Simbirsk. Elles affrontent à présent les meilleures unités militaires du tsar, plus disciplinées et mieux armées. Les 1er et 4 octobre 1670, les 20000 insurgés tiennent face à l’armée régulière mais perdent leurs meilleurs guerriers et Stenka la plupart de ses proches. Lui-même gravement blessé, il se replie sur la ville de Kagalnitsky.
Ce demi-échec laisse place à des défections et trahisons parmi les atamans (chefs) Cosaques, soucieux de conserver le statut spécial accordé jusque-là par le tsar. Ces défections se comprennent aussi dans un contexte où le tsar mobilise le maximum de forces, où le patriarche de Moscou excommunie Razine et le dénonce comme l’ennemi à abattre.
Dès le début du printemps 1671, une armée du tsar marche sur ville de Kagalnitsky sous les ordres de l’ataman cosaque Cornelius Yakovlev. L’assaut est tellement redoutable que les derniers fidèles de Razine peuvent seulement à ses côtés, combattre jour et nuit pour retarder la fin. Après deux jours d’affrontement sans merci, Razine est capturé. Quelques petits groupes échappés de la ville au dernier moment sont également arrêtés dans les semaines suivantes.
Torturé dans les pires conditions, découpé en tranches par le bourreau bras droit jusqu’au coude puis jambe gauche jusqu’au genou, Razine réussit encore à forcer l’admiration, défiant l’autorité sur l’échafaud en ce 6 juin 1671 sur la grande place publique de Moscou qui deviendra la Place rouge.
La rébellion de Stenka Razine est restée vivante dans l'imaginaire russe, dénigrée par les uns et sublimée par les autres, elles s'est peu à peu idéalisée, transmise passionnément à travers de nombreuses chansons populaires, comme cette chanson « Oy da nie vietcher »
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