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Boulat Okoudjava "Petite chanson géorgienne"


Autrement à quoi bon vivre ici dans ce monde éternel ?

Boulat Okoudjava est un écrivain et chanteur russe renommé. Il est connu aussi comme LE chanteur du quartier Arbat à Moscou. Grâce à lui des chanteurs talentueux ont percé comme Vyssotski, Galitch et toute une génération d’artistes que les russes appellent « les bardes » (auteurs-compositeurs-interprètes).


Sa « Petite chanson géorgienne » est une métaphore de la Vie avec ses trois périodes : le noyau – le cep – et la grappe de raisin. Les derniers vers de la chanson glorifient la terre éternelle et ses trois éléments : la terre (image du buffle blanc), le ciel (aigle bleu) et l’eau (truite d’or). Grâce à sa mélodie et à la voix pénétrante de Boulat Okoudjava, cette chanson est une réflexion profonde sur le sens de la vie et en même temps une illustration de l’univers.











Paroles en russe Traduction

Виноградную косточку в тёплую землю зарою, J'enfouirai un pépin de raisin bien au chaud sous la terre, И лозу поцелую, и спелые гроздья сорву, Cueillerai mainte grappe mûrie aux nuances de miel, И друзей созову, на любовь своё сердце настрою. Convierai mes amis, le cœur plein de tendresse sincère А иначе, зачем на земле этой вечной живу. Autrement, à quoi bon vivre ici dans ce monde éternel ? Собирайтесь-ка, гости мои, на моё угощенье, Accourez ! Aujourd'hui, je régale mes chers hôtes, Говорите мне прямо в лицо, кем пред вами слыву. Dites-moi sans détour qui je suis d'après vous, Царь небесный пошлёт мне прощение за прегрешенья. Et le ciel daignera pardonner nos péchés et nos fautes А иначе, зачем на земле этой вечной живу. Autrement, à quoi bon vivre ici dans ce monde éternel ? В тёмно-красном своём будет петь для меня моя дали, Tout en rouge foncé, ma Dalie chantera, charmeresse, В чёрно-белом своём преклоню перед нею главу, Tout en noir et en blanc, moi, j'irai m'incliner devant elle, И заслушаюсь я, и умру от любви и печали. Fasciné par son chant, je mourrai de passion, de tristesse. А иначе, зачем на земле этой вечной живу. Autrement, à quoi bon vivre ici dans ce monde éternel ? И когда заклубится закат, по углам залетая, Et à l'heure où les feux du couchant rougiront les coins d'ombre, Пусть опять и опять предо мной проплывут наяву Je veux voir défiler, repasser devant moi, bien réels, Белый буйвол, и синий орел, и форель золотая. Le buffle blanc, la truite dorée et l'aigle bleu sombre. А иначе, зачем на земле этой вечной живу. Autrement, à quoi bon vivre ici dans ce monde éternel ?

 

Boulat Okoudjava

Boulat Okoudjava est né dans une famille victime des répressions staliniennes : son père, militant du parti, subit les purges et sa mère passe de longues années dans les camps. Il grandit avec sa grand-mère à Moscou. A l’âge de 16 ans, il part vivre chez des proches à Tbilissi. En 1942, Boulat part pour le front comme volontaire. Suite à une blessure grave, il est démobilisé et en profitera pour passer son bac. En 1950, il finit ses études à la Faculté de lettres à l’Université de Tbilissi. A cette époque il rencontre Alexandre Tsyboulevski qui lui fera découvrir la beauté de la poésie russe. Son diplôme en poche, il enseigne dans une école dans les environs de Kalouga. En 1957 il publie son premier livre « Lirika ».


Après le XXe Congrès la mère d’Okoudjava est réhabilitée, et la famille obtient l’autorisation de s’installer à Moscou. En 1961, sa nouvelle « La cuiller » est publiée dans l’almanach de Paoustovski « Les pages de Taroussa ». Cette nouvelle est censurée par la critique officielle pour les idées pacifistes du héros pendant la guerre. Toutefois, cette nouvelle est adaptée au cinéma par V. Motyl sous le titre « Génia, Génetchka et Katiousha ». En même temps, la critique officielle désapprouve beaucoup de chansons d’Okoudjava. Selon la direction de l’Union des écrivains de Russie « la plupart de ses chansons ne reflètent pas l’état d’esprit, les pensées et les espoirs de notre jeunesse héroïque ».


Boulat Okoudjava écrit et compose beaucoup dans les années 60, amorce du Dégel de Khrouchtchev, époque de contestation de la politique répressive de Staline au cours de laquelle de nombreux talents et espoirs sont révélés.


Il faut dire que même sans être dissident, Okoudjava est toujours considéré comme suspect par le pouvoir en tant qu’ « étranger » qui interprète des chansons aux idées subversives. Okoudjava est l’initiateur d’une nouvelle culture de chansons, opposée à la culture officielle. Même son statut d’ « engagé volontaire » ne lui sert pas : La censure l’empêche de sortir ses disques vinyles et de publier ses œuvres. Il est exclu du parti et doit reconnaître ses fautes en public…


C’est sa créativité qui l’aide à surmonter l’adversité, mais aussi et surtout – La Géorgie. La Géorgie est pour lui un pays dans lequel il peut se réfugier, fuyant la capitale oppressante. La Géorgie se retrouve dans tous les textes d’Okoudjava, dans sa voix et sa façon de chanter.


 

Natalia Svetlova - « Petite chanson géorgienne ». Cette chanson, hymne de l'association Datcha Kalina parle d'hospitalité et d'amitié sincère.

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