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VOYAGE CHEZ LES VIEUX-CROYANTS A TARBAGATAY

I. Arrivée à Tarbagatay

Après six heures de vol au départ de Moscou, nous débarquons à l’aéroport d’Oulan-Oude, qui est la capitale de la Bouriatie, une des républiques de la Fédération de Russie située en Sibérie. Ivan, le chauffeur nous conduit à Tarbagatay, à environ 40km de la capitale.

 

Le village de Tarbagatay a été fondé en 1723 par des familles de vieux-croyants, réfugiés dans une partie de la Pologne à l’époque du schisme provoqué par la volonté du patriarche Nikon et du tsar Alexis de réformer l'Eglise russe en se rapprochant de Constantinople et de la tradition gréco-byzantine. Lorsque Catherine la Grande annexe cette partie de la Pologne, elle oblige ces familles à émigrer vers la Sibérie sous la contrainte de la police. Ces vieux-croyants seront alors appelés «Siemieskie», ce qui signifie «les familiaux», car ils se sont établis en Sibérie avec leurs familles contrairement aux autres exilés. Les villages de vieux-croyants se distinguent des villages sibériens, tristes et gris, par leurs maisons construites en rondins, peintes, colorées et bien entretenues. Leurs  habitants, malgré les vicissitudes de la vie et de l’histoire russe, ont su garder des valeurs et des traditions bien ancrées dans leur quotidien.

 

Nous visitons le musée de Tarbagatay, qui doit son existence au prêtre qui depuis des années fouine et rassemble des objets anciens, collecte tout ce qui a trait au passé et à l’histoire de ses habitants. Fondé en 2001, le musée recèle des trésors : des défenses de mammouth, une bible datant de plus de quatre cents ans, des outils que les paysans faisaient venir d’Allemagne, des machines Singer et bien d’autres objets du quotidien conservés précieusement.

 

L’église, récemment construite, est la seule église du village. Avant la révolution, six églises accueillaient les villageois. Elles ont été entièrement détruites par les bolcheviks. Igor, le fils du prêtre, nous montre avec précaution des livres très anciens ornés d' enluminures et des icônes  vieilles de 300 ou 400 ans, dont la plus ancienne date d’Ivan le Terrible. A l’époque soviétique, les vieux-croyants, victimes de délation ou de suspicion, étaient exécutés ou sévèrement punis s’ils pratiquaient leur culte. C'est pourquoi les icônes étaient cachées sous les toits ou enterrées dans les environs.

 

Après un premier contact avec Sergey, le chef de chœur de Soudbinoushka, Tatiana, Elena, Serguey, Tanya et Youri interprètent pour nous quelques-uns de leurs chants typiques et nous présentent la façon dont les jeunes filles portaient leurs costumes colorés traditionnels.

 

Lorsqu’ils s’installent dans la région, les vieux-croyants sont pauvres, mais très vite, grâce à leur travail et à leur force morale, ils améliorent leurs conditions de vie et acquièrent une certaine prospérité. En attestent les colliers d'ambre que les femmes portaient pour les fêtes, dont certains atteignaient la valeur d’une vache ou d’une maison.

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II. La steppe des Merkits

Nous quittons le village de Tarbagatay, pilotées par notre chauffeur Ivan et nous nous engageons dans la steppe vers la citadelle des Merkits, à environ 150 kilomètres de la Mongolie. Le nom de Tarbagatay signifie en bouriate «  marmotte  » car la steppe est criblée de terriers d’où ces animaux pointent parfois leur museau. Lorsque les vieux-croyants arrivent dans cette région du Baïkal occupée par un peuple d’éleveurs, ils respectent les autochtones et cultivent les terres qui ne sont pas utilisées par les troupeaux. Ainsi, les vieux-croyants et les bouriates vivront en bon entendement et apprendront mutuellement l’art de l’élevage et de la culture du blé et de la terre.

 

Nous parcourons une cinquantaine de kilomètres dont plusieurs au cœur de la steppe sur des routes défoncées pour arriver au pied d’une montagne. La tribu des Merkits vivait de chasse et d’élevage dans la plaine, au pied de cette montagne rocheuse aux pentes abruptes et aux allures de forteresse. Lorsqu’ils étaient attaqués, ce qui arrivait souvent car les rivalités entre tribus étaient fréquentes, les Merkits se réfugiaient avec femmes, enfants et bétail dans la montagne, et les hommes défendaient leur tribu du haut de la citadelle. De nombreuses cavités dans les rochers servaient de glacières pour stocker la nourriture ou étaient utilisées comme cachettes. Certaines grottes seraient très profondes avec des issues dans la montagne. Les curieux qui s'y seraient aventurés ne seraient jamais revenus. Mais dans ces lieux chargés de chamanisme, de bouddhisme et de croyances, les superstitions dominent...

 

Gengis Khan, avant de prendre ce nom de chef suprême, s’appelait Temüdjin. A dix ans, il est fiancé à Börte qui deviendra plus tard son épouse. Cette dernière ayant été enlevée par la tribu des Merkits, Temüdjin, avec l’aide de son frère et d’autres chefs de tribus, assiège cette forteresse imprenable pendant plusieurs mois et parvient enfin à délivrer sa femme. Par la suite, il rassemble les tribus mongoles rivales et en devient le chef suprême pour partir à la conquête du monde.

 

Sur les pentes sablonneuses de la montagne poussent au milieu des cailloux, des fleurs et de plantes diverses de petits abricotiers qui résistent au gel et ne se trouvent que dans ce coin du monde. Le goût de ces petits abricots n’est pas vraiment agréable et l'on pense que les Merkits ont jeté là les noyaux de fruits cueillis lors de leurs conquêtes. Le sol de la montagne est jonché de petites pièces de monnaie qui remplacent aujourd’hui les grains de riz ou de blé jetés autrefois par les bouddhistes à l'occasion de vœux et de prières.

 

La vue du sommet de la montagne et de ses pentes abruptes est imprenable. Des paysages de steppe interrompus par une rivière sinueuse s’étendent à perte de vue. On comprend en grimpant comment les Merkits pouvaient résister à leurs assiégeants tant les pentes sont raides. Nous remarquons des emplacements creusés dans la roche pour les guetteurs aux endroits permettant d'embrasser la vue la plus large sur la plaine.

 

Une halte dans la cantine au bas de la montagne pour déguster une soupe préparée au feu de bois et bien d’autres mets, une chanson entonnée dans la steppe et nous voilà reparties pour Tarbagatay, non sans avoir goûté l'eau ferrugineuse sortie d’une source au milieu de la steppe.

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III. Diesiatnikovo

Nous sommes attendues ce soir par les vieux-croyants du village de Diesiatnikovo pour un dîner avec chants, danses et accueil traditionnel. Ce village est considéré comme le plus beau village de Russie avec sa rue bordée de maisons en rondins, coquettes et vivement colorées.

 

L’accueil est chaleureux, les voix sibériennes puissantes et mélodieuses envahissent l’espace. La chanson «  quand j’étais jeune  » accompagnée par l’accordéon de Vladimir nous arrache les larmes des yeux.

 

A la tombée du jour, un paysan à cheval traverse le village pour ramener ses vaches au bercail. Dans la rue, des babouchkas bavardent devant leurs maisons, assises sur leurs bancs de bois. La moyenne d’âge est élevée car les jeunes quittent le village pour s’en aller en ville.

 

Nous visitons une maison typique avec ses icônes dans un coin de la pièce principale, le poêle russe pour se chauffer et cuire le pain. Les murs sont décorés de peintures vives et de dessins d’artistes. Nous admirons les costumes traditionnels et sommes surpris de trouver dans cette maison de splendides châles tissés à Lyon.

 

Le schisme à l’époque du patriarche Nikon a touché de nombreux orthodoxes dans toutes les classes sociales. Le célèbre collectionneur Chtchoukine, dont les tableaux ont été récemment exposés au musée Vuitton, est issu d’une famille de vieux-croyants. En refusant la réforme imposée par le patriarche Nikon et en affirmant leur foi, ces croyants ont conservé leur singularité en perpétuant les valeurs et les traditions auxquels ils sont profondément attachés.

 

Après la découverte de ce beau village, nous repartons chez nos hôtes à Tarbagatay.

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IV. Visite du Datsan d’Ivolguinsk

En Russie, orthodoxie, rite des vieux-croyants, religion musulmane, bouddhisme, chamanisme se côtoient.  Cette fois, nous visitons le plus grand centre bouddhiste du pays.

 

A l’époque soviétique, les religions étaient interdites et la pratique des cultes entraînait des répressions. Le Datsan d’Ivolguinsk, situé à une trentaine de kilomètres de la capitale Oulan-Oude,  était en 1945 le seul lieu de culte du bouddhisme autorisé en URSS, sans doute pour récompenser les Bouriates de leur bon comportement pendant la guerre.

 

Le Dalaï- Lama a visité à plusieurs reprises ce Datsan, siège d'une université et de plusieurs temples. De magnifiques trésors y sont conservés, comme par exemple des manuscrits anciens sur soie. Une trentaine de moines y sont à demeure.

 

On peut aussi découvrir dans une serre l'arbre saint Bodskhva, né d'une bouture de l’arbre sous lequel l’enfant roi aurait trouvé l’illumination. Les feuilles de cet arbre protégé du froid et de la pollution changent de couleur suivant le toucher des personnes.

 

Comme les moines qui vont de temple en temple dans leur habit traditionnel, nous faisons tourner les moulins à prière.

 

A l’issue de cette visite et sous une chaleur torride, nous pénétrons dans une yourte en bois construite sans aucun clou pour un repas typique. Nous dégustons les fameux « pozzy », sortes de gros raviolis fourrés à la viande de mouton dont il faut boire le jus conservé à l’intérieur avant de les manger.

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V. Le banya de Tatiana

Notre hôtesse Tatiana nous a accueillis avec une grande hospitalité. Son humour, sa joie de vivre et sa gentillesse nous ravissent.

 

Tatiana insiste pour nous initier à l’art du banya.

 

Avec son accent à couper au couteau et sa façon de prononcer le prénom de «Bernadette» (Bierrrrnadette!!!) qui nous fait rire à chaque fois, elle décide que nous ferons le banya toutes les trois dans les règles de l’art de cette pratique russe.

 

L'air est déjà très chaud et humide quand on rentre dans la bicoque, sorte de sauna humide à la mode sibérienne. Elle puise à l’aide d’une casserole l’eau du réservoir pour la jeter dans le feu ce qui provoque une bouffée d’air encore plus chaud. On transpire de tout son corps. Après s’être aspergé avec l’eau de la bassine, on se savonne consciencieusement puis on se rince. Tatiana frotte avec une éponge râpeuse le dos de chacune d’entre nous jusqu’à ce qu’il soit débarrassé de toutes les impuretés et rouge comme une tomate. Puis elle nous montre comment fouetter toutes les parties du corps avec des branchages de bouleaux cueillis et assemblés par elle.

La douche froide nous attend à l’extérieur et on renouvèle l’opération.

 

Nous sortons de ce bain de vapeur en forme et prêtes pour une sieste.

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VI. Bolshoi Kounaliey, une très belle soirée dans ce village aux habitants si chaleureux

Une très belle soirée dans ce village aux habitants si chaleureux.

 

Nous sommes accueillies dans ce joli village par l’hôtesse qui nous fait visiter sa maison musée. C’est la maison de ses parents dont le père était le chef de chœur d’un ensemble renommé.

 

Tatiana nous raconte avec maints détails l’histoire de sa famille qui a traversé la guerre, les répressions et bien des difficultés. Son père et sa tante ayant été envoyés en camps de travail pour 10 et 15 ans chacun parce qu'ils avaient distribué des graines du kolkhoze à des gens affamés, la maison familiale fut confisquée et occupée par une famille, sans doute les délateurs. C'est avec bien des difficultés et en usant de ruse que la mère réussit à récupérer sa maison.

 

Quel n’est pas notre étonnement, après avoir écouté ces récits dignes de la Kolyma racontés par Anastasia, d’apercevoir au fond d’une annexe de «l’oussadba» un portrait de Staline. A notre curiosité, elle répond que lui c’était le petit père des peuples et que c’est l’époque qui a voulu cette histoire douloureuse.

 

Après cette visite, nos hôtes entonnent à l'abri de la cour des chants, tantôt tristes, tantôt amusants et empreints d'humour populaire, accompagnés par l’accordéon d’Alexandre. Les vieux-croyants nous font partager l'humour et la gaité avec lesquels ils supportent la dureté de la vie en Sibérie.

 

Puis, ils habillent en costume traditionnel l'une d’entre nous et se livrent à une scénette imitant les tractations des familles à l'occasion d'un mariage. Quelque temps après la noce, la jeune femme et son époux réapparaissent avec des poupées de chiffons dans les bras, premiers représentants de la nombreuse progéniture à venir, engendrant  la joie et les rires des spectateurs.

 

On nous montre que le jupon des femmes était découpé devant pour permettre à leur ventre de se développer au cours des nombreuses grossesses. Les femmes avaient couramment douze, treize, quatorze grossesses, voire plus, mais la mortalité infantile diminuait largement la progéniture.

 

Pendant la visite du hangar où sont entreposés des outils agraires, Anastasia nous présente une télègue, sorte de charrette à laquelle les femmes suspendaient le berceau de leur dernier né pendant qu’elles travaillaient dans les champs. Et elle ajoute qu'il arrivait parfois que des femmes accouchent sur cette télègue.

 

Enfin, nous nous dirigeons vers une table dressée avec de nombreux mets, la tête encore pleine de rires, de chants et du son de l’accordéon.

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VII. Possolskoye, le monastère surplombant le Baïkal

Nous allons passer la nuit dans une annexe des vieux-croyants à Possolskoye, au bord du lac Baïkal. Ce village est situé dans le delta de la Selengua, à environ 200 km de Tarbagatay.

 

Ivan, notre chauffeur, fait une halte dans un lieu incontournable pour les bouddhistes. Le sol est couvert de pièces de monnaie et les branches des arbres ornées de rubans. Cette coutume est ancienne, mais les pièces de monnaie remplacent aujourd'hui le riz ou les offrandes de nourriture.

 

A Possolskoye, un monastère de pierre blanches  à coupoles vertes surplombe le lac.

 

L’histoire de ce village s'inscrit autour du monastère Possol’ski Spasso Preobrajenski, ou monastère de la Transfiguration. De 1728 à 1839, un port prospérait dans ce village  équipé d’un service postal avec l’ouest du Baïkal. Les marchands passaient par Possolskoye pour échanger leurs produits. C’était aussi un centre de pêche important sur le Baïkal.

Au début du 19ème siècle, les frères Wasserman inaugurent une usine de conserve de poisson équipée de machines allemandes. Le bâtiment de l’usine était spécialement construit en bois. Pendant l’été, la production de conserve d’esturgeon et « d’omul », ce poisson que l’on ne trouve que dans le lac Baïkal, battait son plein.

En 1921, l’usine a été nationalisée et transférée sous forme de coopérative à Verkhneoudinsk. L’équipement a été déplacé à Ust-Bargouzine. Plus tard, l'usine de poisson a repris sa production à Possolskoye sous l’appellation «usine de poisson Kabansky ».

En 1870, la première école paroissiale a été ouverte à Possolskoye. Elle était située dans une maison construite aux frais d’un paysan nommé Kyshtymoff et était fréquentée en 1870 par 19 garçons et 2 filles – tous enfants de paysans du coin.

Le monastère Spasso-Preobrazhensky Posol’ski monastère est destiné aux  hommes. Fondé en 1681 sur la rive est du lac Baïkal, il est l'un des plus anciens monuments architecturaux de Transbaïkalie. Les bâtiments conservés sont la cathédrale de laTransfiguration (1769-1773) et l'église Saint-Nicolas (1802-1812).

C’est d’abord les habitations des moines qui ont été construites.

Le site a été choisi pour son promontoire au-dessus du Baïkal et en raison de son histoire.

En effet, en 1651, des membres de l’ambassade de Russie en Mongolie ont été assassinés et enterrés à cet endroit. Les membres de cette  mission se trouvaient sur un bateau amarré sur la rive et transportaient un trésor. Ils ont été attaqués par des guerriers du Khan Taruhai-Taboune, à qui l’ambassade portait le tribut. Huit personnes descendues à terre parmi les vingt membres de la mission ont été assassinées sans que les voleurs puissent s’emparer du trésor.

Les fondateurs du monastère étaient douze moines du monastère Sanaksar de Temnikov sous l'autorité de l'abbé Théodose et du hiéromoine Macare. Ils forment le noyau de la première mission spirituelle Trans-Baïkal envoyée par ordre du tsar Fédor Alekseevich avec la bénédiction du Patriarche Joakim. Le but principal du monastère de Posol’ski était l’éducation des Bouriates, des Mongols et des Toungouses.

Grigoriy Afanasevich Oskolkov - le fondateur de la mission russe à Pékin a donné les fonds pour la construction du monastère. Son corps a été emmené et enterré au monastère et une chapelle a été érigée sur sa tombe.

En 1761, par ordre du gouverneur de Sibérie, Somoylov, un port et un phare ont été construits près du monastère.

La première chapelle du monastère a été dédiée à Saint-Nikolai Chudotvorets. Après un incendie en 1769, qui a détruit presque tous les bâtiments du monastère, la cathédrale a été construite avec une chapelle latérale inférieure avec l'icône de la Vierge Marie et la partie haute a été consacrée à la Transfiguration du Seigneur.

Le monastère étant bien situé, à proximité du port, de nombreux voyageurs ou marchands passaient par cette route de la région du lac Baïkal pour se rendre en Chine et en Mongolie.

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VIII. Le musée ethnographique d’Oulan-Oude

A proximité de la ville d’Oulan-Oudé, nous avons pu visiter le musée ethnographique qui s'étend dans un beau parc planté de conifères. Ce musée présente l'habitat de la Bouriatie depuis la préhistoire, avec des maisons déplacées dans ce lieu : tentes des Evènes,  yourtes bouriates, isbas, maisons de cosaques avec cour intérieure et annexes, demeures des vieux-croyants et maisons bourgeoises.

 

Chaque demeure est ouverte et présente un mobilier d'époque. Une église des vieux-croyants se dresse au milieu des habitations avec ses coupoles vertes.

 

Nous sommes accueillis avec beaucoup d’amabilité par la personne en charge de la maison la plus récente. C’est la maison du médecin d’Oulan-Oudé, plus précisément du gynécologue qui, n’ayant pas d’héritiers, a fait don de sa maison et de tout son mobilier au musée. Un piano, un ancien appareil photo, de jolis tableaux, de nombreux objets chinois et tout les instruments utilisés en gynécologie y sont exposés.

 

Notre visite se termine par un délicieux repas dans le restaurant très bien tenu du musée.

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IX. Stage chez les vieux-croyants de Sibérie

Qui a eu cette idée folle d’un stage de l’atelier de polyphonie Malinka chez les vieux-croyants de Sibérie ? Christiane en serait l’initiatrice.

 

Séduite par les voix des sibériens lors du concert de Soudbinoushka à Eguilles, Christiane lance cette idée d’un stage animé par les vieux-croyants. Aussitôt dit, le travail commence pour ce voyage « made by Datcha Kalina » : échanges de courriers, réservations, visas...toute l'organisation est bien gérée par Janna, dans le cadre de Datcha Travel.

 

Florence, le chef de l'atelier de polyphonie Malinka emporte dans ses valises deux chants, cette fois en français : « la Fillette » et « la Sobirana » pour les partager avec Soudbinoushka, le répertoire habituel étant principalement russe, mais aussi géorgien, bulgare, ukrainien, voire albanais et tzigane...

 

De ce stage, Malinka rapportera un chant sacré, «S nami Bog»,  un chant du répertoire de Soudbinoushka, « la Mouette », une ronde et un chant humoristique contant l'histoire du vieux qui veut se remarier...

 

Le chef de chœur Sergey anime ce stage relayé par la ravissante Nastia qui enseigne le chant dans une école de musique.

 

Sergey explique que lorsqu’on fait des accords au piano il y a plusieurs sons et c’est pareil pour le chant. Les vieux-croyants jouent avec les dissonances.

 

La question revient toujours sur le tapis. Pourquoi ces sibériens ont-ils des voix si puissantes? Pour Nastia les paysans chantaient dans les champs, en plein air, et se répondaient d’un bout du champ à l’autre. Pour Volodia, le mari de Nastia, aussi membre de l’ensemble Soudbinoushka, les européens chantent avec les cordes vocales à la différence des sibériens qui chantent avec le ventre. Quant à Tolik il m’a confié que loin de Moscou il fallait se faire entendre....

 

Nastia enseigne un chant de femmes de la région de Moscou et un chant du nord. A cela il faut ajouter  la chanson «quand j’étais jeune» interprétée par l’ensemble de Diesiatnikovo et accompagnée par l’accordéon de Misha qui a fait l’unanimité dans le groupe.

 

Dans le bus et à chaque occasion les voix de Malinka résonnent. Une répétition est même organisée dans la chapelle du monastère de Possolskoie dont l’acoustique est excellente.

Entre les concerts et les répétitions ce voyage est vraiment sous le signe de la voix et du chant.

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X. Jour de fête à Diesiatnikovo

Toutes les fêtes religieuses sont célébréeschez les vieux-croyants. Les moments forts sont Noël, Maslenitsa et, principalement, Pâques. Tout est prétexte pour réunir les villages, chanter, danser et jouer.

 

Aujourd’hui une fête est organisée en l’honneur du ministre du tourisme de Russie, Oleg Safanov, du ministre du tourisme de Bouriatie et de celui de la Chine. Les cars de touristes ont envahi la rue principale du village ainsi que les voitures de fonction des ministres.

Les ensembles de plusieurs villages sont rassemblés pour accueillir les personnalités comme il se doit, avec une assiette garnie de pirojkis, des chants et des danses accompagnées par l’accordéon.

Des enfants font des démonstrations de danses et un ravissant couple d’une dizaine d’année chante et danse des ritournelles amusantes que les villageois entonnent habituellement avec humour.

Des promenades en charrette attelée sont proposées pour le plaisir des touristes.

Dans l’«oussadba» du village, aussi appelée fezanda, maison traditionnelle des vieux croyants avec un grand espace à l’intérieur comme à l’extérieur pour accueillir les visiteurs et les amateurs de traditions, les touristes déambulent et écoutent les différents groupes qui chantent leurs chants traditionnels.

Une grande balançoire encadrée de lourds pieux en bois fait le bonheur des enfants encore en costume et c’est un plaisir que de voir jouer ces jolies têtes blondes.

On nous attend dans la cour d’une isba  où une table a été dressée pour le déjeuner.  La maitresse de maison, à notre demande, chante « quand j'étais jeune », une des chansons qui n’était pas dans le répertoire du stage mais qui trotte dans toutes les têtes. Le premier soir, à Diesitnikovo, ce chant interprété par les villageois accompagnés par l’accordéoniste, nous avait émues aux larmes.

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XI. GOOD-BYE TARBAGATAY

Lever aux aurores pour nous rendre à l’aéroport d’Oulan-Oudé à destination de l’aéroport de Marseille Provence. La journée sera longue, onze heures de vol, deux escales avec cinq heures d’attente à Domodiedovo, l’aéroport national. A la différence de Cheremietevo l’aéroport international, cet aéroport immense qui rivalise avec les plus grands et les plus modernes, est méconnaissable par rapport aux années 72, mon premier séjour en Russie, à l’époque encore l’Union soviétique.

Les adieux de nos hôtes sont aussi chaleureux que leur accueil.

Une halte au pied du rocher du lion pour prendre quelques clichés de la Selengua qui s’engage sinueuse dans les steppes.

Et bientôt l’avion s’envole et nous voilà parties, les yeux pleins d’images de la steppe, de ces villages de vieux-croyants aux maisons colorées et bien entretenues, de ces femmes en costumes traditionnels aux couleurs chatoyantes. La tête pleine de ces voix sibériennes parfois avec les airs d’un accordéon qui nous accompagneront encore longtemps. Le cœur plein de cette gentillesse, de cette joie de vivre, de ce partage et de cette amitié de ces gens merveilleux à des fuseaux d’horaires de chez nous.

 

Good-bye Louba , Tatiana, Misha,  Nastia Volodia, Elena,Tania, Serguei, Natacha, Tolik, Youri, et tous les autres.

 

Une mention particulière pour Ivan notre chauffeur si disponible, sans oublier notre délicieuse interprète, Elena, qui a savouré cette occasion d’aller sur les pas de ses ancêtres vieux croyants et bouriates. Nous savons maintenant que quelque part en Bouriatie nous avons des amis qui vivent si différemment de nous et sont pourtant si proches.

Nous vous attendons chez nous en Provence !

 

Paka, paka !

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